Remise à zéro

A Vanitas

A Vanitas, huile sur toile - Evert Collier, 1669 (source)

Je devais avoir moins de 12 ans (v. 1999-2000) la toute première fois que j'ai utilisé un ordinateur avec Internet : à l'arrière du CIBDI d'Angoulême se trouvait un cybercafé. J'y allais pour passer une heure ou deux sur des salons de discussion entre deux visites à l'immense bibliothèque de BD du centre. Je ne me rappelle pas de tout, et je me souviens surtout de deux petits détails : il fallait avoir une adresse email valide (plus ou moins), et surtout, se choisir un pseudonyme.

Il est hors de question que je liste mes pseudonymes de l'époque, il y a des choses qui peuvent être oubliées par l'Histoire; je vous remercie. J'en ai tiré la leçon que la notion d'identité numérique est importante, et que sa définition est un très long processus d'essais et d'erreurs, jusqu'à trouver la formule qui convient (au moins temporairement).

Ce n'est qu'à la fin de mon adolescence que j'ai eu envie de centraliser toutes les informations me concernant sous une seule et même identité numérique, et un seul et même pseudonyme. Il m'aura fallu plusieurs essais et expériences pour déterminer le bon nom, et la bonne formule - bien que cette dernière fut finalement temporaire, ce nouveau "blog" en étant la preuve.

Certains - si ce n'est la totalité pour la période la plus ancienne - des contenus que j'ai pu produire entre mes débuts et aujourd'hui ont disparu bel et bien : effacés, supprimés, oubliés au fin fond d'un serveur ou d'un disque dur. Je n'y suis pas particulièrement attaché. J'éprouve toujours un peu de nostalgie en repensant à certains moments, sans pour autant avoir envie d'en conserver les artefacts. Le passé est le passé, je ne compte pas me souvenir de tout ou me rappeler de tout. C'est peut-être un cliché auquel je souscris là : je crois qu'il est bon de lâcher prise sur le passé, ses idées et idéaux. Il y a déjà tellement à faire dans le présent !

Le passé, je préfère l'utiliser pour en tirer des leçons, plutôt que chercher à le revivre.

20 ans d'identité

En 20 ans, dont plus d'une dizaine sous l'URL exirel.me, j'ai publié de nombreuses choses, sous différents formats. De même que les contenus furent variés, les contenants aussi : un site développé seul en PHP, un blog WordPress, un wiki avec MediaWiki, des pages et des pages de HTML, et le dernier en date (depuis 2011-2012) : une application web en Python avec le framework Django. Je me souviens qu'au début, je souhaitais toutes les fonctionnalités à la mode des blogs de l'époque : nuage de tags, lightbox pour zoomer sur les images, des catégories, des tags, une gestion des médias, de la compression et des pre-processeurs de fichiers statiques, le dernier serveur, la dernière option à la mode, des flux RSS, atom, des commentaires, et bien d'autres choses.

Je suis revenu plusieurs fois sur certaines de ces fonctionnalités, avec une tendance générale à en réduire le nombre, la complexité, et la maintenance. Les commentaires, en particulier, sont un bon exemple : au début je les gérais moi-même, puis j'ai tenté de passer par Akismet pour empêcher le spam, puis j'ai tout enlevé, pour en remettre finalement en utilisant Disqus. Côté design, j'ai aussi un peu tout fait : le design surchargé du début (entre 2004 et 2010), des tentatives d'épurer un peu entre 2010 et 2014, un envie de tout refaire en mieux ensuite, plusieurs fois, jusqu'à arriver à une version hybride simplifiée - mais toujours un peu trop complexe à mon goût.

Mes envies d'écrire varient avec le temps. S'il m'arrive d'éprouver le besoin maladif de coucher sur le papier des centaines de caractères les uns à la suite des autres, il m'est beaucoup plus usuel de laisser filer mes pensées sans rien écrire. Par flemme, par fatigue, par absence de motivation, ou encore parce que je n'arrive pas à les articuler de façon intelligible. Parfois, c'est aussi bête que le syndrôme de l'imposteur, le sentiment tenace que je n'ai rien de bien d'intéressant à écrire, ou, plus agaçant encore, ni la légitimité ni la virtuosité de l'écrire. Publier reste un acte fort dans mon esprit, une sorte d'engagement envers les autres et moi-même, un acte à la fois plein de fierté et de terreur. Je sais bien, pourtant, que publier un texte ne change ni l'air que je respire, ni la couleur du ciel, ni le temps qui passe : ma relation à la publication est un océan intérieur d'émotions contradictoires dont le monde est parfaitement ignorant - et à raison.

J'ai beaucoup appris, notamment une chose : la maintenance des tuyaux ne m'intéresse pas. Je n'en ai ni l'envie ni l'intérêt, et mon temps étant limité, je préfère l'investir ailleurs.

Nouvelle décade

Je pense toujours que la définition de sa propre identité (numérique ou non) est un long processus en perpétuel construction. L'étape d'aujourd'hui n'est qu'une parmis d'autres à venir. Reste à la définir, et c'est loin d'être une tâche facile. Je cherche une façon de combiner de nombreuses passions et intérêts de façon à respecter ma contrainte principale : la recherche de simplicité.

Je pourrais me contenter d'un espace sur Medium, ou bien un blog sur WordPress, mais je souhaite conserver la maîtrise de mes publications (pour des questions de décentralisation, de licence, et de droit d'auteur). Je pourrais pour cela utiliser une solution de self hosting comme YunoHost, mais ce serait me rajouter une couche de complexité dans la maintenance. Ce que j'ai choisi est donc un compromis : je coupe des fonctionnalités tout en me permettant d'héberger facilement du contenu sur un serveur.

Il m'apparaît alors comme nécessaire de revenir à des outils plus simples et plus faciles à mettre en place. Il faut que la maintenance de ces derniers soit minimale, tout en me permettant de les adapter à mes envies (publier une photo, une vidéo, ajouter du texte, mettre un peu de formattage, etc.). Je n'ai pas non plus envie de m'embêter avec des histoires de backup de base de données, ou de traitement des logs. Comme j'aime le dire souvent : le plus simple pour résoudre un problème c'est encore de faire qu'il n'existe pas : j'enlève la base de données, je retire les commentaires, je mets de côté JavaScript entièrement, et je reviens à une feuille de style réduite.

Pour le reste :

  • le contenu sera publié sur Github, dans un dépôt git
  • j'utilise le logiciel Pelican pour générer du HTML à partir de fichier en reStructuredText (que je maîtrise suffisamment)
  • je pousse le contenu généré sur un petit serveur chez un hébergeur
  • le thème est fait maison, en incorporant un minimum de fonctionnalités avec un style très épuré

Ce qui ne change pas

Tout ceci est bel et bon, sans pour autant vraiment dire de quoi le futur sera fait. Ce que je peux en dire, c'est que je ne compte pas m'imposer de quelconque rythme pour publier quoi que ce soit : cela ne change pas. Je peux dire que j'ai envie d'écrire à nouveau, sans pouvoir en faire la promesse.

Sans doute un peu de ci, un peu de ça.

Vous pouvez retrouver tout le contenu de ce blog (ainsi que la configuration) sur le dépôt git.